Sur cette image, des glissements de terrain arrachent des plantes et menacent dangereusement les habitations voisines, témoignant de l’impact destructeur de l’érosion sur les communautés locales. / Crédit photo : Ferdinand Mbonihankuye

Alors que la COP29 débute à Bakou, en Azerbaïdjan, le Burundi, l’un des pays les moins émetteurs de gaz à effet de serre avec seulement 0,02 % des émissions mondiales, fait pourtant partie des vingt nations les plus vulnérables aux effets du changement climatique. Cette conférence sera-t-elle enfin l’occasion d’entendre les voix des pays d’Afrique de l’Est, particulièrement exposés à des crises environnementales majeures ? Les attentes sont grandes : il s’agit d’obtenir des engagements concrets pour renforcer la résilience de ces nations qui, malgré leur faible impact climatique, subissent les conséquences les plus graves.

Par Ferdinand Mbonihankuye

Lors de l’ouverture de la COP29, Simon Stiell, Secrétaire exécutif de l’ONU sur les changements climatiques, a partagé l’histoire poignante de Florence, une femme âgée de 85 ans dont la maison a été dévastée par l’ouragan Beryl. Ce témoignage reflète la réalité que vivent des millions de personnes dans le monde, particulièrement celles des pays comme le Burundi, qui, bien que peu émetteurs, sont parmi les plus touchés par les événements climatiques extrêmes.

Le Burundi se classe parmi les vingt pays les plus vulnérables au monde aux effets du changement climatique, une situation que les experts qualifient de « vulnérabilité absolue ». Bien qu’il n’émette que 0,02 % des gaz à effet de serre mondiaux, le pays subit de manière disproportionnée les impacts dévastateurs du réchauffement climatique.

Une lutte mondiale : le financement climatique et les pays en développement

À Bakou, le discours d’ouverture insiste sur l’importance d’établir un nouvel objectif de financement climatique mondial, destiné à aider les nations en difficulté. Comme l’a souligné Simon Stiell, l’investissement dans la résilience des pays à faible revenu est essentiel, non seulement pour ces pays, mais pour l’ensemble de l’économie mondiale. Dans un pays comme le Burundi, où l’économie dépend fortement de l’agriculture et où la population est majoritairement rurale, le réchauffement climatique menace directement les moyens de subsistance des communautés locales. Les sécheresses, inondations et érosions des sols réduisent la production agricole, aggravant l’insécurité alimentaire et la pauvreté.

Malgré son rôle négligeable dans la production de gaz à effet de serre, le Burundi subit de plein fouet les effets du réchauffement climatique. Les experts nationaux soulignent que les principales conséquences pour le Burundi incluent la perte de terres agricoles, la baisse de la productivité agricole, et la pression accrue sur les ressources en eau. Ces impacts ont un effet boule de neige, affectant la santé publique, les migrations internes et les conflits liés à l’accès aux ressources. Les inondations récurrentes et la déforestation accentuent la dégradation des terres, mettant en péril l’équilibre environnemental du pays.

À Bakou, les négociateurs se sont donné pour mission de définir des mesures concrètes afin de renforcer la résilience des pays vulnérables comme le Burundi. La finalisation de l’article 6, qui vise à établir des marchés internationaux du carbone, est cruciale dans cette optique. En effet, la vente de crédits carbone pourrait représenter une source de revenus supplémentaire pour le Burundi, permettant d’investir dans des projets de reforestation et de protection des ressources naturelles.

Un appel à la solidarité internationale : le rôle des CDN et les objectifs d’adaptation climatique

Lors de la COP29, le Burundi, avec le soutien de pays africains et d’organisations internationales, plaide pour que le financement climatique ne soit pas perçu comme un geste de charité mais comme un impératif économique global. Simon Stiell a rappelé que la sécurité alimentaire, la compétitivité économique et la stabilité mondiale dépendent de la capacité des nations vulnérables à s’adapter aux changements climatiques. Un investissement dans la résilience des pays en développement est, selon lui, un gage de stabilité pour tous.

La COP29 marque également l’élaboration de la troisième génération de Contributions Déterminées au Niveau National (CDN) pour le climat, où chaque pays définit ses objectifs de réduction des émissions et d’adaptation. Le Burundi, en tant que nation à faible émission, se concentre particulièrement sur des initiatives d’adaptation et de résilience. Le gouvernement burundais a notamment entrepris des projets de reforestation et de conservation des terres agricoles, mais ceux-ci nécessitent un appui technique et financier de la communauté internationale pour être efficaces.

Simon Stiell a également souligné l’importance des rapports biennaux sur la transparence, qui permettent de suivre les progrès réalisés et de cibler les besoins spécifiques. Ces rapports seront essentiels pour évaluer l’efficacité des mesures prises par le Burundi dans sa lutte contre le changement climatique et pour justifier les besoins en financement et en appui technique. L’accessibilité aux données de suivi permettra une meilleure planification et une évaluation des impacts des investissements climatiques dans le pays.

La COP29 symbolise une opportunité cruciale pour le Burundi et les autres nations vulnérables de se faire entendre et de réclamer une aide accrue. L’avenir de ces pays, et celui de la planète, dépendra des accords conclus dans les salles de conférence de Bakou. Cependant, l’urgence de la situation laisse un doute pesant : les promesses de Bakou seront-elles à la hauteur des attentes et des besoins vitaux du Burundi ?

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *