L’indice de fonctionnalité du marché est un outil important de surveillance des indicateurs sur les marchés des produits. Cet indice sert à l’analyse des marchés agricoles de façon approfondie pour offrir aux décideurs des options d’interventions pour assurer la sécurité alimentaire. Le CDE Great Lakes se base sur les résultats de cet indice pour évaluer la performance et l’accès des agripreneurs burundais aux marchés agricoles. Coup de projecteur.
L’indice de fonctionnalité du marché (IFM) est bien plus qu’un chiffre. C’est une approche d’évaluation du marché agricole qui vise à quantifier sa fonctionnalité en calculant un score par marché, tout en identifiant ses forces et faiblesses. Cet indice se base sur une mesure quantitative prenant en compte des dimensions liées à la disponibilité et aux prix des produits agricoles, à la qualité des aliments, à l’assortiment, aux infrastructures et services, à la résilience des chaînes d’approvisionnement, à la concurrence, à l’accès aux produits et à la protection des consommateurs.
Les marchés agricoles sont donc classés sur une échelle de 0 à 10 afin de permettre une comparaison à l’échelle mondiale, où la fonctionnalité complète du marché (IFM=10) se réfère à un marché entièrement développé, efficace et fonctionnel.
Contexte burundais
Pour mieux appréhender cet indice dans le contexte burundais, il faut savoir qu’un marché fonctionne bien si les caractéristiques influençant le comportement des acheteurs et des vendeurs sont stables et prévisibles, si les interactions entre les vendeurs et les acheteurs sont transparentes, et si les approvisionnements sont suffisants, réguliers et prévisibles à des prix abordables, stables et prévisibles.
Au cours de l’étude de marché de 2023, cet indice au niveau national au Burundi a obtenu un score de 6,5. Le score le plus élevé a été enregistré à Gitega avec 8,1, suivi de Kayanza et Ngozi avec 7,3 chacun, et de Muyinga avec 7,2.
Les marchés dans les zones rurales et urbaines étaient généralement fonctionnels avec 6 des 9 indicateurs présentant un score supérieur à 6 points. Les indicateurs relatifs à l’accès et à la protection (9,7), à la disponibilité (7,4), à la résilience (7,7), à l’assortiment (8,3), à la concurrence/compétition (8) et à l’infrastructure (6,7) ont obtenu les scores les plus élevés, tandis que les indicateurs qualités (4,9), services (3,8) et prix (2) ont obtenu les scores les plus faibles. Cela montre que les marchés agricoles évalués manquent de stabilité des prix, de qualité et de service, même dans les marchés les plus développés du pays.
Indicateur par indicateur
Le score national moyen pour l’assortiment est de 8,3 et celui pour la disponibilité de 7,4. Cela montre qu’en général, les produits de base sont disponibles sur la plupart des marchés agricoles du Burundi. Le score moyen pour le prix est de 2, ce qui montre que les prix ne sont pas uniformes sur tous les marchés, et sont volatiles et très peu prévisibles.
Le score de la résilience de la chaîne d’approvisionnement est de 7,7 en moyenne, montrant que la chaîne d’approvisionnement de la plupart des marchés agricoles est résiliente aux chocs. La compétitivité est presque parfaite avec des acteurs concurrentiels dans tous les marchés agricoles du pays, car le score de la concurrence varie entre 7,5 et 10. Côté infrastructure, la plupart des commerçants des zones rurales opèrent à partir de structures temporaires ou faibles. Le service a un piètre score de 3,8 au niveau national. De nombreux commerçants n’affichaient pas les prix de chaque produit agricole, les reçus n’étaient pas donnés et d’autres problèmes liées à la fixation des prix et aux barrières non-tarifaires qui compromettent les prix du marchés. La qualité des produits agricoles avec une note moyenne de 4,9, est raisonnablement médiocre. Quant ’à l’accès aux produits agricoles et la protection des consommateurs qui ont un score à 9,7, signifie que la majorité des marchés agricoles sont accessibles aux acheteurs et aux vendeurs, et qu’il n’y avait pas de problèmes sérieux de protection dans l’accès aux marchés.
In fine
L’indice de fonctionnalité des marchés agricoles au Burundi se prête parfaitement à la mise en œuvre des programmes qui facilitent les agri-preneurs à accéder aux marchés agricoles, sans oublier que la fluctuation et l’imprévisibilité des prix, la qualité des services et des produits sont les maillons faibles à renforcer dans l’architecture de l’ensemble des dimensions du marché agricoles. Ces chiffres montrent qu’il y a encore du chemin à parcourir pour permettre aux agriculteurs burundais d’accéder facilement a un marché agricole fonctionnel.
Source : https://bit.ly/4l8cYtl