Lecture rapide

  • Les contrôles sanitaires sont renforcés dans les villes frontalières avec la Tanzanie
  • L’engagement des agents de santé communautaire est essentiel dans la sensibilisation des populations
  • Le Burundi est invité à investir dans les laboratoires capables de détecter les maladies

[BUJUMBURA] Le gouvernement burundais a renforcé le dispositif de surveillance dans les villes frontalières avec la Tanzanie après l’annonce d’une épidémie de la maladie à virus Marburg dans ce pays.

Les contrôles sanitaires aux frontières terrestres, maritimes et aériennes, notamment dans les villes de Muyinga, Kirundo, Cankuzo, Rutana et Makamba, sont renforcés, en raison de leur proximité avec la Tanzanie où l’épidémie a été déclarée le 20 janvier dernier.

Les contrôles se concentrent sur l’identification de symptômes et l’interdiction d’entrée des personnes présentant des signes suspects.

“Les laboratoires devraient être capables de détecter les maladies rapidement et facilement, et les personnes suspectées d’être infectées, ainsi que leurs familles, devraient être éduquées sur le mode de transmission”

Elisha Osati, Hôpital national de Muhimbili (Tanzanie)

Un déploiement des laboratoires mobiles équipés est prévu dans ces mêmes villes frontalières pour permettre un diagnostic rapide et une prise en charge immédiate de toute personne infectée, limitant ainsi les risques de transmission de la maladie.

En plus de ces mesures, des messages préventifs sont diffusés en continu à travers les médias et les réseaux sociaux pour sensibiliser la population.

Aucun cas de Marburg n’a encore été enregistré dans le pays. Toutefois, Lydwine Baradahana, la ministre de la Santé publique et de la lutte contre le sida du Burundi a souligné l’importance d’une mobilisation générale pour prévenir l’importation de la maladie.

« Nous devons rester vigilants, en particulier dans les provinces frontalières avec la Tanzanie. Chaque individu a un rôle à jouer pour empêcher l’introduction du virus sur notre territoire », a-t-elle déclaré au cours d’une conférence de presse tenue le 23 janvier 2025, en partenariat avec le Centre africain de contrôle et de prévention des maladies (CDC Afrique).

Pour Armel Twizerima, coordinateur du projet « Prise en charge holistique médicale du Mpox » à l’hôpital régional de Gitega (Burundi) et membre de l’ONG Safe Inclusion (SI), « une communication constante est cruciale pour réduire les rumeurs. La transparence et la proximité renforcent la confiance et l’adhésion aux mesures de prévention ».

« Les acteurs doivent aussi s’adapter aux évolutions sanitaires et aux besoins des communautés », soutient cette source.

Engagement communautaire

Interrogé par SciDev.Net, Elisha Osati, médecin à l’hôpital national de Muhimbili (Tanzanie) et ancien président de l’Association médicale de Tanzanie, salue les initiatives entreprises par le Burundi pour éviter toute propagation de la maladie à virus Marburg.

« Quelle que soit la situation au Burundi, ils agissent. Je crois que ce n’est pas parfait, mais avec les méthodes qu’ils utilisent, ils diffusent des informations via les réseaux sociaux. Ils effectuent des contrôles sanitaires, ce qui est une mesure très importante », dit-il.

Ce dernier relève cependant que les autorités burundaises doivent s’assurer que les messages véhiculés sur les réseaux sociaux atteignent les populations locales. D’où l’importance des agents de santé communautaires (ASC) dans la sensibilisation des populations.

« En Tanzanie, par exemple, nous utilisons les agents de santé communautaires pour transmettre beaucoup d’informations aux populations locales, car ils se déplacent d’un endroit à un autre. Je pense qu’ils doivent impliquer ces travailleurs communautaires pour distribuer des flyers à la population locale et déployer des personnes pour sensibiliser la communauté », dit-il.

Soulignant également le rôle crucial des agents de santé communautaire dans la sensibilisation, Armel Twizerima affirme que son organisation implique les leaders communautaires, les relais comme les agents de santé.

« Ils diffusent les messages de prévention et mobilisent les membres. Des forums communautaires permettent aussi d’échanger et de renforcer l’engagement… Elles [les communautés] ont besoin d’informations claires sur les symptômes et les gestes à éviter, ainsi que d’un soutien psychosocial pour les personnes affectées. Un meilleur accès aux ressources sanitaires et un suivi médical en temps réel sont également essentiels », fait-il savoir.

Il ajoute que des sessions de sensibilisation à travers des séances d’information, des campagnes de porte-à-porte et la distribution de kits WASH (Water, Sanitation and Hygiene). Ces actions visent à informer sur la prévention, les symptômes et les mesures pour éviter la propagation…

Laboratoires

De l’avis d’Elisha Osati, si les mesures prises par les autorités sanitaires burundaises sont correctement appliquées, elles peuvent empêcher non seulement la propagation du virus Marburg, mais également celle d’autres maladies dans le pays.

« Pour ceux qui présentent des symptômes similaires à ceux de Marburg, ils doivent être pris en charge, et un système de solution devrait être mis en place dans les hôpitaux pour les dépister et les traiter efficacement », souligne-t-il.

En outre, ajoute ce dernier, « les laboratoires devraient être capables de détecter les maladies rapidement et facilement, et les personnes suspectées d’être infectées, ainsi que leurs familles, devraient être éduquées sur le mode de transmission », soutient-il.

L’ancien président de l’Association médicale de Tanzanie invite enfin le Burundi à mettre en place des systèmes de laboratoires capables de détecter les maladies courantes et notoires en Afrique de l’Est et centrale. Cela aiderait à prévenir les maladies et à analyser les données, affirme-t-il.

Seulement, déplore Armel Twizerima, « la méfiance dans certaines communautés rurales, la difficulté d’accès aux zones isolées et le manque de ressources ralentissent l’impact des campagnes ».

La maladie de Marburg est causée par un virus hautement contagieux. Elle se manifeste par des symptômes graves. Les premiers signes incluent une fièvre soudaine, des maux de tête intenses et une faiblesse musculaire.

Rapidement, des symptômes gastro-intestinaux comme des nausées, des vomissements et des diarrhées apparaissent. Des saignements, notamment du nez, de la bouche ou d’autres orifices, peuvent survenir, évoluant parfois en hémorragies internes ou sous-cutanées, rappelle Elisha Osati.

« Dans les cas critiques, le virus affecte le système nerveux central, entraînant confusion, irritabilité ou coma. Ces symptômes, similaires à ceux d’autres fièvres hémorragiques, rendent cruciale une définition précise pour un diagnostic et une prise en charge rapide, surtout en contexte épidémique », précise cette source.

Source: scidev.net

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