Au cœur de la province Gitega, dans la commune de Mutaho, émerge une initiative révolutionnaire qui promet de métamorphoser fondamentalement la façon dont les Burundais cultivent leurs terres. L’agricultrice visionnaire, Marie Ndinzemeshi, résidente engagée de la province Gitega en commune Mutaho, s’est lancée dans une démarche véritablement innovante en collectant et transformant les urines ainsi que les excréments humains en fertilisant de haute qualité.

Dans cette région, où la nature se mêle harmonieusement à l’activité humaine, nous rencontrons Marie Ndinzemeshi, une agricultrice de la colline Masango commune et zone Mutaho qui incarne cette initiative novatrice.

Elle nous confie : « Je ne considère plus les excréments humains et l’urine comme des déchets à éloigner des habitations, mais plutôt comme des ressources précieuses pour la fertilité des sols. » Sa source d’inspiration remonte à une formation organisée par la Confédération Nationale des Associations des caféiculteurs du Burundi (CNAC-MURIMA W’ISANGI) en province Cibitoke, à la frontière de la RDC.

Marie Ndinzemeshi nous explique sa méthode : « La construction de deux puits pour stocker les excréments et les urines, orientés vers le lever du soleil et fermés par des tôles absorbant les rayons solaires, est cruciale. » Cette exposition solaire contribue à l’industrialisation de la transformation des déchets en engrais. Elle ajoute : « L’utilisation du ‘ceindre’ après l’utilisation des toilettes est cruciale, car l’azote qu’il contient facilite la conversion des déchets en engrais. »

 

 

 

 

 

Pour Marie Ndinzemeshi, il est essentiel d’empêcher les déchets de s’infiltrer et de polluer les nappes phréatiques. Elle nous dit : « Les urines, stockées dans des bidons de 20 litres et soumises à un processus de fermentation, deviennent également une source précieuse d’engrais en seulement 30 jours. » Cette approche ingénieuse offre une alternative durable aux engrais chimiques tout en favorisant la santé environnementale.

Quid de sa production

Depuis juillet 2019, Marie Ndinzemeshi nous informe qu’elle a déjà produit environ 1250 kg d’engrais à partir des excréments, baptisé « Tsindinzara »en kirundi, et 1920 litres d’engrais issu des urines, appelé « Ryohora ». Elle aspire à augmenter cette production afin de répondre à la demande croissante de la population avoisinante, qui privilégie cet engrais unique. Elle envisage une production annuelle de 2500 kg pour satisfaire pleinement les besoins de la communauté.

Concernant l’application de cet engrais, Marie Ndinzemeshi recommande : « Il ne faut pas l’appliquer sur les feuilles des plantes, mais plutôt directement sur le sol, en doses équivalentes à celles recommandées pour les engrais conventionnels. » Elle souligne les multiples avantages de cette approche et l’importance de mettre en place des systèmes de collecte efficaces pour minimiser le risque de contamination.

L’impact positif de cette méthode sur la production agricole de Marie Ndinzemeshi est manifeste. Elle nous dit que sa production, qui oscillait entre 40 à 50 kg par are, a doublé pour atteindre 120 kg, montrant une amélioration significative de la rentabilité. Sa vision ambitieuse est de voir tous les Burundais adopter cette approche écologique pour maintenir ou rendre leurs sols encore plus fertiles.

Le compostage démontre la transition vers des pratiques agricoles durables.

Le succès de Marie Ndinzemeshi n’est pas passé inaperçu. Lauréate de la compétition NdumuDG de SF CGBurundi, elle a reçu des récompenses substantielles, dont 15 millions Fbu et 20 millions Fbu du Président. Son projet de compostage et de valorisation des déchets organiques a été honoré par le président de la république du Burundi en 2022 et reconnu par Search For Common Ground lors de la compétition NdumuDG organisée par SFCG. En août 2022, l’Institut des Sciences Agronomiques du Burundi (ISABU) a certifié les fumures Tsindinzara et Ryohora, renforçant la légitimité de cette approche novatrice de Marie Ndinzemeshi.

Le parcours de Marie Ndinzemeshi est d’autant plus remarquable qu’elle n’a pas pu poursuivre ses études secondaires en raison du manque de moyens, devenant orpheline de père dès son école primaire en 6ᵉ année. Son histoire inspire, démontrant qu’une vision écologique et innovante peut émerger même dans des circonstances difficiles.

L’initiative de Marie Ndinzemeshi offre une perspective prometteuse pour l’agriculture burundaise, en intégrant la protection de l’environnement et la lutte contre le changement climatique. Cette approche novatrice montre qu’une transition vers des pratiques agricoles durables est non seulement possible mais également bénéfique pour la productivité agricole et l’environnement. Elle invite la nation à adopter une vision similaire, propulsant le Burundi vers un avenir où la durabilité agricole et la préservation de l’environnement vont main dans la main.

 

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